Samedi 12 janvier le dojo AKE a procédé vers 12h30, après un entraînement commencé à 9h30, à un tir sur ce qu’il est convenu d’appeler, une mato d’or. Cette tradition célèbre le début de chaque nouvelle année. Tous les archers présents sur le dojo, pour peu qu’ils aient déjà tirés sur cible, s’essaient à atteindre d’une flèche un cercle recouvert de papier doré, bien moins large qu’une mato habituelle. Cette année, Marc Bertin, a préparé à cette intention, une mato d’or dite canadienne. Inspirée par le pays où, pour des raisons professionnelles, il vit actuellement, il avait préalablement remis l’objet lors de sa dernière visite en France. Attention qui atteste du lien de sympathie profonde entre lui, son dojo d’origine et ses membres.
La singularité de cette mato d’or canadienne était d’être constituée d’un rectangle de papier blanc de 83,50 sur 58,50 sur laquelle Marc avait placé, en son centre, un cercle d’or très étroit d’une dizaine de centimètres de diamètre seulement. Autour de ce centre, rayonnaient huit feuilles d’érable rouge. Quatre plus conséquentes étaient réparties en étoile, tels les quatre points cardinaux. Deux feuilles, plus petites, étaient placées à gauche et à droite du point Nord, et deux autres semblables, une entre Sud et Ouest, l’autre entre Sud et Est. La répartition des feuilles reprenait le schéma des cercles qui se forment à la surface de l’eau après un impact. La précision de l’exécution et la délicatesse des objets assemblés, donnaient une sensation d’harmonie et d’économie, obéissant à un ordonnancement parfait.
AKE avait prévu deux matos d’or, une un peu moins étroite que celle proposée par Marc et une autre plus large encore. Elles furent placées en haut, à gauche et à droite, de la surface de papier. Leur valeur était purement décorative. Ce qu’il fallait atteindre était bel et bien le centre du rectangle.
Quatre débutants ont ouvert le tir, placés à une douzaine de mètres de la mato, une seule flèche s’est fichée sur le papier.
Puis vingt et un archers, placés sur la ligne de shaï, à vingt huit mètres de la mato, ont par ordre de grade et d’ancienneté, un à un, tenté d’atteindre la cible d’or. Personne n’y est parvenu. Douze flèches ont atteint le rectangle. Après avoir mesuré l’écartement de chaque flèche par rapport au fameux cercle d’or, il a été déclaré que Tarik Rahmani avait remporté l’épreuve suivi de près par Paul-Henri Bleu et ensuite Jean-Benoît Birck. Les neuf autres sont répartis dans l’ordre suivant : Yumi Minaminara, Séraphin Decarnin, Asuko Richmond-Harada, Delphine Mulard, Danielle Perrot-Belilowsky, Yolande Terrasson, François Cavalier, Julien Monticolo, Naeko Ohta.
Pour marquer ce moment, de petits présents étalés au sol étaient offerts aux choix des lauréats.
La mémoire de l’événement, outre ce texte et les photographies, s’est inscrite en chacun de nous comme un moment de concentration et de chaleur humaine. Il a permis d’entrer en sympathie avec la généreuse attention de Marc Bertin, et d’abolir momentanément la distance kilométrique entre lui et nous. Cet autre côté de l’océan, où une de nos archers a perdu la vie dans un accident de voiture. Jean-François Decratra, qui, en pleine période des fêtes, nous avait révélé par courrier la terrible nouvelle, était présent sur le dojo pour annoncer qu’une cérémonie, dont la date et le lieu seront communiqués prochainement, permettra de nous retrouver pour un hommage à la hauteur de l’estime et de l’affection que nous portions à Françoise Bénassar. Triste fatalité qui entrait en résonance avec l’adage bien connu des pratiquants de Kyudo « une flèche, une vie. ».
Jean-Pierre Jourdain